Mar Casanovas : « En Erasmus à Toulouse, je me suis sentie aussi bien qu’à Barcelone »
À 22 ans, Mar Casanovas a rejoint la ville de Toulouse l’été dernier dans le cadre de son Erasmus. Malgré un contexte inédit de pandémie, elle a su profiter du charme de la Ville rose et découvrir un mode de vie à la fois similaire mais aussi très différent de Barcelone.
Depuis combien de mois vivez-vous à Toulouse ?
Je suis arrivée en août dernier à Toulouse et je repars à la fin du mois de mai. J’ai passé mes examens il y a une semaine, ce qui signe la fin de mon année universitaire. Je reste ici encore quelques jours pour profiter de Toulouse car les musées, les restaurants et leurs terrasses ont rouvert depuis peu en France.
Quelles études poursuivez-vous ?
Je suis un double cursus de journalisme et de droit à Barcelone. En Espagne, une licence dure 4 ans et cette année, je suis en troisième année. J’ai suivi des cours de droit de Master 1 et de L3 à l’Université Toulouse 1 Capitole.
Comment s’est passée votre année ? La pandémie a-t-elle compliqué votre intégration ?
Au début, quand je suis arrivée, la situation était à peu près normale. Pendant un mois, j’ai suivi les cours en présentiel. J’ai donc pu voir comment l’université se déroule en France et rencontrer les étudiants de ma fac. J’aurais aimé continuer comme ça toute l’année, mais je m’y suis faite.
En l’espace de 9 mois, pensez-vous avoir progressé en français ?
Oui, je pense avoir progressé surtout dans ma manière de parler. Avant de venir en France, j’avais une compréhension orale assez bonne, donc depuis le début de mon Erasmus, j’ai pu suivre aisément les cours. Maintenant, j’ai l’impression de m’exprimer beaucoup mieux.
Avez-vous fait la connaissance des étudiants de votre promo malgré la pandémie ?
Quand je suis arrivée à la fac, des activités ont été organisées pour les étudiants en Erasmus. Alors, dans un premier temps j’ai surtout côtoyé des étrangers, mais lors du second semestre, je me suis un peu forcée à rencontrer des Français car je voulais jouer le jeu de l’Erasmus. Je trouve que les étudiants français sont très gentils et accueillants. Ils me proposaient souvent de me balader avec eux pour découvrir Toulouse.
J’ai aussi remarqué que les étudiants de la Ville rose étaient très solidaires. En septembre, je n’avais pas pu assister à quelques cours donc je recherchais des notes d’étudiants pour les rattraper. J’ai contacté sur les réseaux sociaux des gens de ma promotion et sans même me connaître, ils ont accepté de m’envoyer leurs cours. À Barcelone, c’est différent, les gens sont plus individualistes, chacun a ses notes et ne les partagent pas forcément.
Comment s’est passée votre installation ?
Cela a été compliqué. Comme je viens de Barcelone, je pensais que cela allait être plus simple de trouver un appartement à Toulouse car c’est un peu plus petit. C’était une erreur. En août, toutes les résidences étudiantes étaient occupées. Donc, j’ai regardé les appartements de particuliers. Pendant des semaines, j’étais collée à mon téléphone à la recherche d’annonces. Je rafraîchissais les pages toutes les 5 minutes et à chaque nouvelle publication, les appartements étaient loués très rapidement. Je désespérais.
J’ai rencontré aussi des problèmes avec les agences immobilières. Quand tu es étranger, c’est tout de suite plus compliqué. Avec les particuliers, ce n’était pas le cas mais l’offre était trop maigre. À la veille du début de mes cours, je n’avais toujours rien. Quand, j’ai enfin trouvé un appartement j’étais soulagée. Il se situait en centre-ville. C’était parfait, je pouvais tout faire à pied.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus à Toulouse ?
Les ruelles de Toulouse ont beaucoup de charme. J’aime beaucoup me promener dans ces rues et regarder l’architecture des bâtiments. En marchant, tu apprends à découvrir la ville autrement. J’ai adoré ça. Et puis avec les restrictions, il n’y avait pas de musées, pas de restos et boutiques… Je n’avais pas trop le choix que de me promener.
Avez-vous des regrets à cause de la pandémie ?
Oui. Quand je suis arrivée fin août, j’ai eu un aperçu de l’ambiance festive de la ville et des terrasses. C’était incroyable. J’en ai profité pendant deux mois puis tout a été fermé. J’ai essayé d’être positive et de voir ce que je pouvais faire malgré les restrictions. Même si l’année a été particulière, je pense avoir pu profiter de Toulouse.
Avez-vous quand même pu visiter d’autres villes françaises ?
Oui. J’ai fait quelques excursions. J’ai visité Carcassonne, la plage d’Hendaye, l’Ariège, les Pyrénées françaises. C’était chouette, mais j’aurais évidemment aimé en faire plus.
Selon vous, quelles sont les différences entre la vie à Barcelone et à Toulouse ?
Au niveau personnel, vivre à Toulouse m’a marquée car c’est la première fois que je me retrouvais seule. J’ai toujours vécu à Barcelone avec ma famille. J’ai donc appris à vivre en autonomie et à trouver des occupations seule. C’était un défi. On m’a finalement bien accueillie ici, je me suis sentie aussi bien qu’à Barcelone et l’expérience a été parfaite pour moi.
Une différence qui m’a marquée est l’heure du dîner et du déjeuner. En France, on mange beaucoup plus tôt qu’en Espagne. Je trouve ça plutôt bien car cela nous laisse le temps de faire des activités après le repas. Je pense continuer à manger tôt, même à Barcelone ! Et enfin, les supermarchés en France sont un peu plus grands et surtout ont une offre plus variés. J’ai découvert beaucoup de produits à Toulouse, et parfois j’en ai ramené à Barcelone quand je retournais voir ma famille.
Quelles sont les différences et les points communs entre la ville Barcelone et de Toulouse ?
Au niveau des points communs, Toulouse et Barcelone sont deux grandes villes européennes. On y trouve tous les services et on ne manque de rien. Les deux ont aussi beaucoup de monuments comme la Basilique Saint-Sernin de Toulouse ou la Sagrada Familia de Barcelone. Quand on se promène dans ces deux villes, on tombe toujours sur de beaux bâtiments.
Les deux villes sont tournées vers l’eau. Pour l’une, c’est la mer et pour l’autre c’est un fleuve, la Garonne. Les gens se retrouvent souvent au bord de l’eau pour passer de bons moments ensemble. Toulouse et Barcelone sont également deux villes très cosmopolites. On croise des gens très différents et selon moi cette variété fait leur force. Enfin, comme dernier point commun, je dirais que la météo des deux métropoles est très similaire. C’est vrai qu’il pleut peut-être un peu plus à Toulouse mais en général cela se ressemble beaucoup. Il fait souvent beau et la température est agréable.
Au niveau, des différences, je dirais qu’à Toulouse, il y a une proportion de jeunes plus importante qu’à Barcelone. C’est vraiment une ville très étudiante et je la recommande. Et pour terminer, en France, tous les commerces ouvrent plus tôt et ferment donc plus tôt, par rapport à Barcelone, c’est flagrant.
Aimeriez-vous vivre en France ?
Pourquoi pas. J’ai de l’affection pour la France. J’aime la langue et le pays est très bien. Au collège et lycée, j’ai fait plusieurs échanges avec des Français et j’ai découvert pas mal de régions du pays. C’est varié et très beau. Toulouse est une bonne ville pour y vivre quelques années.
Que diriez-vous à des Barcelonais qui envisageraient de tenter une expérience en France ?
Je leur dirais : « Essayez ! ». C’est proche géographiquement. Même avec le confinement, j’ai pu revenir facilement à Barcelone, et la manière de vivre en France est assez similaire à la nôtre. C’est un changement pas trop risqué. On n’est pas dépaysé.
Les restrictions ont été plus dures et plus longues en France par rapport à Barcelone, avez-vous regretté d’être partie à ce moment-là ?
J’ai eu un tout petit peu regret, mais j’ai essayé de relativiser. C’est comme ça et cela ne m’a pas empêché de profiter de ma vie à Toulouse. J’essaye toujours d’être positive et de m’adapter.
Quel est votre lieu favori de Barcelone ?
Le Park Guell. Il est certes très touristique, mais j’adore. Je ne vis pas très loin de ce parc et dernièrement, avec la Covid-19 et l’absence de voyageurs, j’ai redécouvert ce lieu. Le côté forêt du parc est magnifique. C’est une sorte d’oasis de nature en pleine ville, c’est magique.
Quelle est la première chose que vous ferez en rentrant à Barcelone ?
Je reverrai tous mes proches et j’achèterai les pâtisseries d’une boulangerie majorquine proche de chez moi. Ce sont les meilleures de Barcelone !